La Chine d’aujourd’hui est devenue la 1ère croissance asiatique et la 2ème puissance économique au monde. Ce pays intervient impétueusement dans le monde globalisé en tant que nouveau leader géopolitique. Il devient un acteur de plus en plus essentiel sur tous les plans.
Représenté par une forte demande intérieure compte tenu d’un nombre colossal de consommateurs, le marché chinois évolue très vite. C’est pourquoi, la Chine fait partie des pays attrayants pour les entrepreneurs français qui cherchent de nouveaux débouchés pour leur développement.
Nous avons parlé au Président du groupe HOM’AGE Monsieur Jacques PLEURMEAU autour de ses perspectives de coopération avec des investisseurs chinois dans le secteur de la santé seniors.
Newsletter : Bonjour,
Monsieur PLEURMEAU. Il y a une quarantaine d’années, la Chine sortait d’une
longue période de fermeture et d’isolement. A l’époque, les chinois ne
parlaient aucune langue étrangère, n’avaient aucune connaissance des pays
étrangers…Maintenant, sous la politique d’ouverture, la Chine participe à la
globalisation sur un pied d’égalité et attire fortement des investisseurs
étrangers. Dans ce contexte, comment caractérisez-vous aujourd’hui ce
pays et ses relations avec le monde?
Jacques PLEURMEAU : A
partir de 1979, la Chine traverse la phase d’un communisme modéré dit
« socialisme de marché ». Puis, le pouvoir central se décentralise
sur les régions qui acquièrent de plus en plus d’autonomie. Au début de notre
siècle, le pays se renforce largement dans la croissance économique, 8% à 9% en
moyenne par an. Entre temps, les évènements sur la place Tiananmen à Pékin en
juin 1989 ont marqué notre esprit occidental. Depuis, la stabilité a été
privilégiée et le compromis social a été trouvé. La présence d’un capitaliste
au sein du parti communiste justifie cette adoption d’une économie réaliste.
Cela étant dit, la Chine a
ouvert plus que ses frontières, mais aussi son intelligence et ses forces
créatives en devenant un pays attrayant économiquement pour tout investisseur.
C’est ainsi que la Chine recherche dans ses échanges internationaux de la
réciprocité.
NL : Pour le moment, la
Chine ne connait pas la crise comme nous la connaissons en Europe. La Chine
va-t-elle demain dominer le monde ou tout au moins son économie ?
JP : La Chine s’interroge
au moins autant que nous sur son devenir. A mon avis, il ne s’agit pas de la
suprématie de l’Occident ou de la Chine,
pas plus une confrontation entre ce pays et le monde. Le scénario de la réciprocité
bénéficie autant à nous même qu’aux chinois. L’Occident doit pouvoir offrir au
capitalisme chinois des opportunités de développement mondial sur la base d’une
contribution réelle et d’un partage équitable.
NL : Comment avez-vous
lancé le dossier de partenariat chinois ? Par qui ou quoi avez-vous été influencé ?
JP : Il suffit
d’observer les flux et les échanges mondiaux pour s’intéresser à la Chine. Par
ailleurs, j’y ai vu la transformation du modèle familial depuis l’instauration
de la politique d’enfant unique sur les deux dernières générations chinoises.
Le mode d'accompagnement des seniors en Chine se dirige de plus en plus vers notre
modèle. En plus, dans notre secteur de la santé senior, des grands groupes
français spécialisés entreprennent depuis moins de dix ans en Chine.
Parallèlement, j’ai été à la
rencontre de chefs entreprises normands et plus particulièrement Monsieur DELAYAIE,
Président de la coopérative laitière d’Isigny
Sainte Mère. Lors de nos échanges au sein du Club Normandie Chine, qui réunit
des chefs d’entreprises intéressés par leur développement en Chine, Monsieur
DELAYAIE m’a présenté son expérience formidable. Je me suis mis en contact avec
ce Club et sous le soutien de la CCI International Normandie, j’ai décidé de mettre
en place une mission de prospection et de découverte du 16 au 23 octobre 2015 à
Shanghai, Canton et Shenzhen.
NL : Quels sont les
avantages de cette mission ?
JP : Ce programme, très
individualisé, se focalise fortement sur
le B2B. Nous avons rencontré des investisseurs chinois, des acteurs
français déjà implantés en Chine et actifs dans le développement de services
d’accompagnement des personnes âgées et avons réalisé des visites de maisons retraite. Les objectifs sont de mieux appréhender
le marché de l’accompagnement des personnes âgées en Chine, d’y identifier de potentiels partenaires et d’initier
un partage d’expérience avec les entrepreneurs chinois et français implantés en
Chine. C’est ainsi que j’ai pu engager des contacts business identifiés et
ciblés pour profiter du réseau local ( guanxi 关系). J’ai
délégué à l’un de mes collaborateurs, Thomas RENOU, le Directeur de la
Residence « Les Deux Fontaines » d’aller en Chine sur ce programme.
NL : Qu’est-ce que le
groupe HOM’AGE a envie de transférer en Chine ?
JP : Le secteur de la
santé en Chine est l’un des secteurs porteurs qui se développent
rapidement. Tout d’abord, les chinois
s’intéressent au savoir-faire de l’étranger, à l’expertise solide et compétente.
Nous envisageons de proposer au marché chinois tous les points forts du
groupe: la conception architecturale des établissements médicalisés recevant
des personnes dépendantes, la formation du personnel soignant, la E-santé, le conseil
en nouvelles technologies pour l’autonomie ainsi que la gestion du projet
médico-social d’établissement, notre programme de recherche sur la maladie
d’Alzheimer.
NL : Comment voyez-vous
le processus d’export de votre expertise en Chine ?
JP : La Chine souhaite
s’approprie le savoir-faire d’une façon intelligente. Les chinois s’en inspirent
et passent à un stade supérieur, créatif et innovant. C’est pourquoi, l’export
de notre compétence ne se limite pas par une simple vente de notre propriété
intellectuelle. En outre, il faut toujours penser à une certaine adaptation du
savoir de l’étranger à la mentalité chinoise et surtout au développement rapide
du pays. Je considère ce processus comme une coopération évolutive qui
finalement nous enrichira mutuellement sur tous les plans.
NL : Pour ce dossier, quels
sont votre stratégie et calendrier ?
JP : Notre stratégie
est d’avancer pas à pas en s’appuyant sur nos premiers contacts établis en
octobre dernier : les investisseurs majeurs et les promoteurs d’EHPAD en Chine.
Comme je l’ai déjà évoqué, dans le monde d’affaires chinois les relations
interpersonnelles jouent un rôle important. Ce qui s’appelle guanxi. Toute
affaire conclue dans la société chinoise passe inévitablement par les relations
de guanxi, que ce soit pour les firmes locales ou pour les investisseurs
étrangers. C’est pourquoi, l’objectif numéro 1, c’est de poursuivre la
recherche de nos futurs partenaires et de construire des relations de
confiance. Pendant sa mission en Chine, Thomas RENOU a réussi quelques sérieux
contacts chinois. Thomas vous détaillera notre approche dans la Newsletter de
cet hiver. Concernant le calendrier, nous n’imaginons pas le lancement du
dossier avant 36 mois. Le travail préparatif nécessite d’étudier soigneusement
le niveau de faisabilité.
NL : Merci beaucoup
de vos réponses. On résume que la Chine est une destination stratégique pour
votre groupe et on vous souhaite d’y réussir rapidement.